Quand j’étais môme, en Afrique, je cultivais des vers à
soie, moi qui déteste les insectes, ces petites bêtes avaient réussi à me
conquérir.
J’en étais arrivé à aimer le contact des vers, leur odeur de
mûriers. Les bombyx avec leurs
tentatives d’envols grotesques arrivaient à m’attendrir, de même que le patient
travail des vers pour confectionner leurs cocons me captivait.
J’avais 7 ans et je ne savais pas que j’allais cotoyer à
nouveau ces bestioles beaucoup plus tard en France du côté de Carcès dans le
Var à Cotignac où exista un des derniers atelier de grainage du Var. Les
graines ce sont les œufs des papillons femelles du bombyx qui seront exportés
dans le monde entier à partir des magnaneries du Var, dans des pays lointains
tels Chypre, la Chine (juste retour des choses), l’Egypte, l’Espagne, la Grèce,
l’Inde, l’Indochine, le Japon, le Liban, le Maroc, le Mexique, la Nouvelle
Orleans,la Palestine, la Russie, la Syrie, la Turquie, l’Uruguay, la
Yougoslavie et Cuba où je les retrouverai cinquante ans plus tard.
On est loin de ce jour de l’An 2650 avant JC où l’Imperatrice
de Chine Si-Ling-Chi prenait son thé à l’ombre d’un mûrier et où un cocon tomba
dans sa tasse. Ce jour là, la grande dame tenta de l’extirper du bout de l’ongle
pour ne pas se brûler, mais son ongle accrocha un brin de soie et en le tirant
le cocon se dévida, ce fut la naissance du précieux fil de soie…
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