Les
présages de la Saint André
Le
30 novembre,
jour de la Saint André, en Silésie.... C'est où ça déjà la Silésie ? La Silésie
est située aux confins de l'Allemagne, de la Pologne et de la République Tchèque
: sorte d'"Alsace Lorraine" d'Europe Centrale sur laquelle on flotté,
alternativement, la bannière allemande et la bannière polonaise. Vu ? En Silésie
donc, le soir de la Saint André, existait une tradition de prédictions.La jeunesse se réunissait dans un local afin de prévoir l'avenir : on faisait couler dans de l'eau froide, à travers une vielle clef, du plomb ou de la paraffine fondus. Les ombres, des formes obtenues par la lumière des bougies, étaient observées afin d'y lire des présages.
Ensuite, dans une ambiance joyeuse généralement caractéristique de la jeunesse, les jeunes filles, mi-sérieuses, mi-amusées, plaçaient leurs chaussures en fil indienne en direction de la porte ; puis la dernière chaussure était placée devant, jusqu'à ce qu'une chaussure passe le seuil ; sa propriétaire avait de sérieuses chances de quitter le toit paternel dans l'année qui suivait... Et chacun de s'interroger bruyamment : avec qui pourrait-elle bien se marier ?
D'après l'ethnologue Oskar Kolberg, il arrivait aussi que les filles jettent une chaussure pardessus leur épaule : si elle retombait sur la pointe (surtout pas sur le talon !) et tournée vers la porte, elle avait de grandes chances de se marier dans l'année. De la même façon, elles jetaient une épluchure entière de pomme ; il suffisait de deviner quelle lettre dessinaient les circonvolutions de l'épluchure pour avoir l'initiale de l'heureux élu... Divination pas si difficile qu'il y paraît à première vue : chaque fille savait bien qui elle laissait fui faire une cour assidue...
Dans les régions de Bytom et de Raciborz, la tradition voulait qu'on mette des aiguilles dans l'eau après leur avoir donné des prénoms de filles ou de garçons ; si deux aiguilles se rejoignaient dans l'eau, on prédisait à ceux qui portaient les mêmes prénoms qu'ils seraient unis par les liens du mariage.
On mettait aussi sous trois gobelets, de l'argent, du pain et un peu de terre afin de prédire quelles filles deviendraient riches, lesquelles connaîtraient la faim et lesquelles rencontreraient le plus rapidement la mort.
Ce jour de prédictions ne se passait pas sans danses qui assoiffaient et affamaient la jeunesse. Tout était prévu pour reconstituer leurs forces, suivant la richesse de la maison : gâteaux secs (anyzki, makrony, kokosanki, kolaczki) arrosés de bière brune, de szeker (un mélange de bières brune et blonde), jus de fruits, eau citronnée, cacao au lait...
Eh oui, vous avez bien deviné que, ce soir là, l'essentiel n'était pas de croire, mais de faire semblant de croire et de passer un moment agréable entre amis.
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