Certains ont rêvé pendant des siècles de parvenir à changer le plomb en or, d'autres essayent depuis quelques années de transformer les déchets plastique en carburant. Ceux-ci sont sur le point d'y parvenir, ce qui n'est pas si étonnant si l'on veut bien considérer que la plupart des plastiques sont fabriqués à partir de pétrole.
Sita UK, filiale de Suez Environnement, s'est ainsi associée avec la start-up britannique Cynar pour construire au Royaume-Uni dix usines qui traiteront, au total, 60 000 tonnes de déchets plastique par an afin de produire du diesel. La première de ces usines est en cours de construction, près de Bristol, et devrait être opérationnelle d'ici à la fin de l'année. Ce qui constituera une première mondiale, selon Adrien Henry, directeur de Blue Orange, le fonds de capital-risque de Suez Environnement, financièrement impliqué dans le projet.
"La force du processus de Cynar réside dans la phase de distillation, qui permet de produire un diesel prêt à l'emploi", explique Cyril Fraissinet, directeur industriel de Sita. "Et la qualité du diesel produit est équivalente à celle d'un carburant provenant des filières classiques", assure Adrien Henry.
"UNE LOGIQUE DE BOUCLE COURTE"
La technologie mise au point par Cynar et expérimentée dans son site pilote de Portlaoise, en Irlande, permet de sauter l'étape du raffinage. L'autre obstacle était d'éviter la formation de gommes dues à la présence d'éléments indésirables dans les déchets.
"C'est là où la présence de Suez, avec son savoir-faire en matière de prétraitement des déchets, prend tout son sens", estime Cyril Fraissinet. Les usines seront donc installées à proximité de centres de tri gérés par Sita UK. Le diesel produit devrait servir, entre autres, à faire rouler les 1700 véhicules de collecte d'ordures de la filiale de Suez Environnement. "Nous sommes dans une logique de boucles courtes, ce qui permet un gain significatif en termes d'empreinte carbone", relève Adrien Henry.
Le "gisement" est composé à la fois des déchets d'emballages des ménages et des déchets des entreprises. L'objectif est de produire 950 litres de fuel, dont 700 à 750 litres de diesel prêt à l'emploi, par tonne de déchets plastique. "Soit, au total, 42millions de litres de diesel. Pas de quoi déstabiliser le marché des carburants...", glisse Adrien Henry. Si l'expérience britannique est couronnée de succès, elle pourrait s'étendre à d'autres pays européens.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire