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samedi 8 janvier 2011

Portraits d’Afrique de l’Est, Joseph Kessel


Fortune Carrée : Archétype du Roman Colonialiste à sortir vite fait de votre sac à dos...


Ils contournèrent la rive bourbeuse du lac, arrivèrent à un petit bois d’eucalyptus et de bambous. En lisière des arbres et de la route, ils aperçurent une maison construite à l’européenne, qu’un Grec avait louée pour en faire un hôtel. Ils s’installèrent sur la terrasse qui dominait le lac et un repas sommaire leur fut apporté par un serviteur dont le visage d’ébène jaillissait du blanc chamma qui l’enveloppait.


-          Celui-là est un Éthiopien, un vrai, dit Mordhom, ayant un peu calmé sa faim.
Philippe gémit avec un désespoir à la fois comique et sincère :
-          Mais pourquoi ? En quoi ? Ils sont tous aussi noirs les uns que les autres. Tous sont des nègres !
-          Pas du tout. De nègres véritables, il n’y a que les esclaves ou les descendants d’esclaves qui viennent des provinces frontières du Soudan. Les autres, sauf pour la couleur- qui, d’ailleurs, est moins foncée, moins régulière-, n’ont rien de commun avec le type négroïde. Regardez le serveur, il a la figure allongée, le nez aquilin, l’ovale fin. Mais il n’a pas la délicatesse d’attaches des Somalis, leurs épaules minces, leur cou, leur nuque flexible, un peu féminins. Et les Somalis, à leur tour, ne possèdent pas les traits aigus, tranchants, cruels des Danakils ni la bestialité féroce des Issas, et pas davantage le visage rond, la douceur des Gallas de ce pays-ci.
-          Je ne pourrais jamais les distinguer, soupira Philippe.
-          Mais si, mais si, je vous assure ! Avec le temps, cela vient tout seul.
-          Pour les peaux jaunes, c’est encore plus difficile, dit Igricheff.
-          Ce plateau, reprit Mordhom, a été conquis par les Abyssins à la fin du siècle dernier sur des envahisseurs arabes qui forment la plus grande partie des habitants de la ville, les Harrari. La population des champs est galla. Mais ni les uns ni les autres ne sont dangereux. Ils acceptent la domination éthiopienne avec docilité. Tout autour sont les nomades : Somalis, Issas, Danakils. Tous guerriers, tous en luttes exterminatrices les uns contre les autres. Ils payent tribut à l’Abyssin, mieux armé, plus nombreux, mais c’est tout. Pour le reste, ils ne connaissent de maître que l’espace, l’eau et le soleil. Je les aime, surtout les Somalis, les seuls qui soient sûrs. Je suis bien avec les Danakils, plus sauvages encore que les autres. Pour les Issas, cela dépend des chefs. Chez moi, commence le domaine somali. Puis, en allant vers la mer, à peu près en ligne droite, on traverse le pays issa. Enfin, sur les déserts et les montagnes de la côte, règnent les Danakils. Voila pour cette partie de l’Abyssinie. Quant aux autres, je vous en parlerai si le hasard nous mène ailleurs. Il y a vingt tributs, pour le moins.






Fortune carrée, Joseph Kessel (Pocket nº631)

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