C’est une guerre politique, économique, industrielle et financière. C’est surtout une guerre des nerfs. Dans le rôle du méchant : l’ogre chinois, accusé depuis plusieurs années de monopole sur le commerce des terres rares, constituées de 17 minéraux aux noms latins, tels que cérium, dysprosium, sélénium, terbium, et autres yttrium. Dans le rôle des victimes : la quasi-totalité du reste du monde industrialisé. Un monde à la merci d’une Chine qui fait la pluie et le beau temps sur le commerce de ces fameuses terres rares.
Depuis lundi, une découverte majeure a changé la donne du petit monde de ces métaux précieux qu’on retrouve dans les voitures hybrides, les moteurs des trains à grande vitesse, les GPS, les écrans LCD ou tactiles, les éoliennes, les téléphones portables… A plus de 3 000 mètres de fond, dans l’océan Pacifique, des scientifiques japonais ont fait, selon le dernier numéro de la revue britannique Nature Geoscience, une découverte qui pourrait potentiellement bouleverser le marché mondial des terres rares.
Yasuhiro Kato, un chercheur de l’université de Tokyo, a confirmé, pour la première fois, que son équipe d’experts avait réussi à identifier, l’an dernier, dans les boues prélevées au fond du Pacifique, de gigantesques quantités de terres rares. Des analyses auraient été réalisées sur près de 80 sites, situés entre 3 000 et 6 000 mètres de profondeur dans les eaux internationales autour de Hawaii et à l’est de Tahiti.
«Les terres rares tournent la tête de tout le monde. Mais rien ne garantit qu’une découverte se transforme en exploitation», confie un expert. Et d’ajouter : «Nous ne sommes pas à l’abri d’un bis repetita de ce que nous avons déjà vécu au cours des années 70. A l’époque, on pensait que les nodules polymétalliques, ces roches reposant sur le lit océanique, devaient devenir une source d’énergie du futur. Tout le monde s’est planté, car l’investissement n’en valait pas la chandelle.»
Mais voilà, cette histoire ne devrait pas se répéter. C’est le credo des chercheurs japonais, ou plutôt des responsables politiques nippons. Ces derniers préfèrent mettre en avant un chiffre : le sous-sol du Pacifique contiendrait des réserves de terres rares 1 000 fois supérieures à celles actuellement recensées dans le monde, Yasuhiro Kato allant jusqu’à évoquer, pour ce qui est de sa toute récente découverte, 110 milliards de tonnes. Bien plus que les 110 millions de tonnes abritées à la surface de la terre. Et sans commune mesure avec les 120 000 tonnes annuelles extraites de Chine. Sur les zones les plus riches du Pacifique, le chercheur japonais assure que l’exploitation des terres rares sur une surface de 5 km2 suffirait à couvrir un an de demande mondiale. «Certes, on est encore loin de l’exploitation de cette découverte. Mais une chose est sûre, elle change la donne», analyse Georges Pichon, à la tête d’une société de négoce spécialisée dans l’achat-vente de ces métaux.
Un peu partout à travers le monde, gouvernements et milieux patronaux estiment que Pékin n’a eu de cesse d’orchestrer une raréfaction de ces terres. Sous couvert de préoccupations environnementales, les autorités chinoises indiquaient fin 2010 à Washington que la Chine réduirait progressivement ses exportations de terres rares. Alors qu’elle ne dispose que d’un tiers des réserves mondiales, la République populaire a réussi, depuis 1985, lorsque Deng Xiaoping réalise l’importance stratégique du contrôle de ces métaux, à verrouiller le marché mondial. Comment ? En exportant à des prix imbattables, au point d’empêcher toute la concurrence étrangère. En 2002, la mine de Moutain Pass (Californie) ferme ses portes. Idem en Australie. Certes, ces deux dernières ont repris du service. Mais simplement grâce à la hausse vertigineuse des cours, rendant donc à nouveau possible l’exploitation des mines existantes.
La découverte japonaise est finalement à double tranchant. Côté pile, elle envoie un signal à la Chine qui, de peur de perdre des marchés, serait tentée de faire baisser les prix. Côté face ? Si ces derniers chutent, alors la mise en exploitation des océans regorgeant de trésors serait moins rentable.
Reste une question : celle des dégâts environnementaux, l’écosystème à cet endroit du Pacifique étant particulièrement fragile. Il est surtout situé en eaux internationales. Un bien public mondial, dont l’exploitation nécessitera un traité international… La Chine a encore de beaux jours devant elle.
Depuis lundi, une découverte majeure a changé la donne du petit monde de ces métaux précieux qu’on retrouve dans les voitures hybrides, les moteurs des trains à grande vitesse, les GPS, les écrans LCD ou tactiles, les éoliennes, les téléphones portables… A plus de 3 000 mètres de fond, dans l’océan Pacifique, des scientifiques japonais ont fait, selon le dernier numéro de la revue britannique Nature Geoscience, une découverte qui pourrait potentiellement bouleverser le marché mondial des terres rares.
Yasuhiro Kato, un chercheur de l’université de Tokyo, a confirmé, pour la première fois, que son équipe d’experts avait réussi à identifier, l’an dernier, dans les boues prélevées au fond du Pacifique, de gigantesques quantités de terres rares. Des analyses auraient été réalisées sur près de 80 sites, situés entre 3 000 et 6 000 mètres de profondeur dans les eaux internationales autour de Hawaii et à l’est de Tahiti.
«Les terres rares tournent la tête de tout le monde. Mais rien ne garantit qu’une découverte se transforme en exploitation», confie un expert. Et d’ajouter : «Nous ne sommes pas à l’abri d’un bis repetita de ce que nous avons déjà vécu au cours des années 70. A l’époque, on pensait que les nodules polymétalliques, ces roches reposant sur le lit océanique, devaient devenir une source d’énergie du futur. Tout le monde s’est planté, car l’investissement n’en valait pas la chandelle.»
Mais voilà, cette histoire ne devrait pas se répéter. C’est le credo des chercheurs japonais, ou plutôt des responsables politiques nippons. Ces derniers préfèrent mettre en avant un chiffre : le sous-sol du Pacifique contiendrait des réserves de terres rares 1 000 fois supérieures à celles actuellement recensées dans le monde, Yasuhiro Kato allant jusqu’à évoquer, pour ce qui est de sa toute récente découverte, 110 milliards de tonnes. Bien plus que les 110 millions de tonnes abritées à la surface de la terre. Et sans commune mesure avec les 120 000 tonnes annuelles extraites de Chine. Sur les zones les plus riches du Pacifique, le chercheur japonais assure que l’exploitation des terres rares sur une surface de 5 km2 suffirait à couvrir un an de demande mondiale. «Certes, on est encore loin de l’exploitation de cette découverte. Mais une chose est sûre, elle change la donne», analyse Georges Pichon, à la tête d’une société de négoce spécialisée dans l’achat-vente de ces métaux.
Un peu partout à travers le monde, gouvernements et milieux patronaux estiment que Pékin n’a eu de cesse d’orchestrer une raréfaction de ces terres. Sous couvert de préoccupations environnementales, les autorités chinoises indiquaient fin 2010 à Washington que la Chine réduirait progressivement ses exportations de terres rares. Alors qu’elle ne dispose que d’un tiers des réserves mondiales, la République populaire a réussi, depuis 1985, lorsque Deng Xiaoping réalise l’importance stratégique du contrôle de ces métaux, à verrouiller le marché mondial. Comment ? En exportant à des prix imbattables, au point d’empêcher toute la concurrence étrangère. En 2002, la mine de Moutain Pass (Californie) ferme ses portes. Idem en Australie. Certes, ces deux dernières ont repris du service. Mais simplement grâce à la hausse vertigineuse des cours, rendant donc à nouveau possible l’exploitation des mines existantes.
La découverte japonaise est finalement à double tranchant. Côté pile, elle envoie un signal à la Chine qui, de peur de perdre des marchés, serait tentée de faire baisser les prix. Côté face ? Si ces derniers chutent, alors la mise en exploitation des océans regorgeant de trésors serait moins rentable.
Reste une question : celle des dégâts environnementaux, l’écosystème à cet endroit du Pacifique étant particulièrement fragile. Il est surtout situé en eaux internationales. Un bien public mondial, dont l’exploitation nécessitera un traité international… La Chine a encore de beaux jours devant elle.
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