Par Lino Neira
La culture cubaine possède une de ses principales richesses dans sa musique. La percussion est son âme et elle constitue, pour sa complexité, tout un univers qui est mondialement admiré grâce aux innombrables apports de rythmes, de techniques d'exécution, d’instruments et de groupes de percussion qui, d’une façon déterminante, ont influencé l’actualité musicale. Cependant, son histoire et son développement ont de nombreuses facettes sur lesquelles on a peu écrit.
Après le processus de conquête et de colonisation, les instruments primitifs de nos premiers habitants ont disparu suite à l'acculturation dont ils ont été l'objet par leurs découvreurs. Les Espagnols, qui avaient voyagé à Cuba avec la seule fin de s’enrichir et de repartir, ont seulement apporté avec eux quelques instruments de percussion de la musique militaire et populaire.
Dès le début de l'époque coloniale on observe que les instruments à percussion n'ont pas eu une importante représentation, et encore moins de transcendance, dans les ensembles qui jouaient à Cuba constitués par les différentes ethnies qui peuplaient l'Espagne. Toutefois, le répertoire de la musique campagnarde, où on résume avec une plus grande fidélité l'antécédent hispanique de notre culture musicale, est exécuté uniquement en employant des instruments à percussion nés dans notre archipel.
Il ne faut pas oublier que les Espagnols utilisent dans la musique populaire, spécialement dans celle de la rue, des instruments européens de fanfare – tous d'origine arabe – qui sont aussi présents dans la musique militaire. De ceux-ci, certains ont été adaptés pour les congas à Cuba, comme cela s'est produit avec les bombos et les tambours militaires. Les timbales, connues comme timpani, propres des orchestres de concert et d’accompagnement européens, ont été brillamment transformées par nos musiciens, jusqu'à créer les fameuses timbales cubaines, nommées aussi pailas.
L'absence d'instruments de percussion en provenance de l'Espagne à Cuba ne signifie en aucune façon la carence d'un art de la percussion dans ce pays. Les danses hispaniques, accompagnées de claquement de mains, de claquettes, des coups de résonance sur des boîtes en bois ou des castagnettes, comme cela se produit dans l'actuel art flamenco, sont un échantillon du rythme musical de la « mère patrie » et de l'existence d'un legs rythmique inexploré de notre peuple.
Ce n'a été qu'à l'arrivée des esclaves africains dans notre pays, que des dizaines de groupements instrumentaux ont été connus – en majorité des tambours –, ceux qui ont transformé progressivement le panorama musical de la future nation. Parmi les différentes influences qui ont conformé la culture musicale cubaine, on peut observer l'héritage de la percussion chez quatre groupes ethniques africains fondamentaux : Yoruba, Bantou, Ewe-fon et Carabalí, lesquels ont reproduit ici les ensembles d'instruments correspondant à leurs traditions culturelles.
Des genres et des instruments de zones voisines, comme Haïti et la Jamaïque se sont aussi reproduits à Cuba, dont les habitants, depuis près de deux cent ans, ont commencé à travailler et à résider dans l'île pour divers motifs. La tumba francesa, el gagá et la regla-vodú occupent une importance particulière dans l’ensemble de ces traditions développées à Cuba, appelé « antécédent caribéen ».
À cause des influences signalées, et d'autres comme celles des Etats-Unis ou d'autres pays, au cours du dernier siècle, la culture musicale cubaine contient en elle un processus entrelacé d'intégrations culturelles – comme le résultat de la « transculturation » –, qui a été directement lié à la formation des genres musicaux. C’est pour cela que l'on pourrait affirmer que l'héritage culturel de Cuba inclut des traditions et des patrons artistiques d'autres cultures qui ont été assumé par le peuple cubain et qui, dans le domaine de la musique, s’est étendu aux instruments et aux groupes pour lesquels ont été créés ou adoptés des répertoires et des techniques d'exécution.
Notre musique est exécutée par des ensembles instrumentaux sui generis, qui se sont développés dans le monde de l'art populaire et traditionnel cubain, où le rôle des instruments de la famille de la percussion est significatif. Ceux-ci, pour leur origine variée, possèdent une grande richesse et une complexité structurale.
En accord avec des études récentes sur les ensembles qui exécutent les genres musicaux cubains, ils existent vingt-cinq typologies différentes de groupes instrumentaux, dans lesquels priment les instruments à percussion.
Dans la percussion cubaine actuelle – profilée depuis plus d’un siècle –, coexistent des instruments qui correspondent à différents stades de développement de l'homme, caractérisés par des techniques de construction, des systèmes de tension et d’affinage et de façons d'exécution spécifiques, que représentent des groupes ethniques de diverses zones géographiques – ou le résultat du passage par plusieurs –, où le destin final a été Cuba. Pendant le processus de formation de la nationalité certains instruments à percussion spécifiques ont été créés (adaptés). L'exemple le plus important est la tumbadora, suite à la transformation d'un instrument provenant de la culture africaine.
Depuis les années trente du siècle dernier, la percussion cubaine est présente dans les orchestres symphoniques et d'accompagnement du monde entier, grâce à l'étude des essences de nos genres musicaux, spécialement du son, faite par les compositeurs Amadeo Roldán et Alejandro García Caturla. Parallèlement, à cette époque, le jazz nord-américain a été marqué pour toujours par nos rythmes grâce à l’étonnant travail du percussionniste cubain noir Luciano Chano Pozo dans l'orchestre du nord-américain Dizzy Gillespie.
J’ai décrit, en grandes lignes, l'immense univers de la percussion cubaine actuelle dans mon texte La percusión en la música cubana, dédié au père de l'enseignement de la percussion à Cuba et à l'éternel chercheur de la profession, Domingo Faustino Aragú Rodríguez (Las Villas, 1910). C’est un texte dans lequel je prétends montrer l'histoire de l'art de la percussion de Cuba, lié au développement des genres musicaux de la nation, dont les pages peuvent résulter d’une grande utilité pour que des professionnels, des étudiants et des dilettantes de cette profession puissent apprendre et saisir la riche et parfois peu révélée histoire de la percussion cubaine.
La culture cubaine possède une de ses principales richesses dans sa musique. La percussion est son âme et elle constitue, pour sa complexité, tout un univers qui est mondialement admiré grâce aux innombrables apports de rythmes, de techniques d'exécution, d’instruments et de groupes de percussion qui, d’une façon déterminante, ont influencé l’actualité musicale. Cependant, son histoire et son développement ont de nombreuses facettes sur lesquelles on a peu écrit.
Après le processus de conquête et de colonisation, les instruments primitifs de nos premiers habitants ont disparu suite à l'acculturation dont ils ont été l'objet par leurs découvreurs. Les Espagnols, qui avaient voyagé à Cuba avec la seule fin de s’enrichir et de repartir, ont seulement apporté avec eux quelques instruments de percussion de la musique militaire et populaire.
Dès le début de l'époque coloniale on observe que les instruments à percussion n'ont pas eu une importante représentation, et encore moins de transcendance, dans les ensembles qui jouaient à Cuba constitués par les différentes ethnies qui peuplaient l'Espagne. Toutefois, le répertoire de la musique campagnarde, où on résume avec une plus grande fidélité l'antécédent hispanique de notre culture musicale, est exécuté uniquement en employant des instruments à percussion nés dans notre archipel.
Il ne faut pas oublier que les Espagnols utilisent dans la musique populaire, spécialement dans celle de la rue, des instruments européens de fanfare – tous d'origine arabe – qui sont aussi présents dans la musique militaire. De ceux-ci, certains ont été adaptés pour les congas à Cuba, comme cela s'est produit avec les bombos et les tambours militaires. Les timbales, connues comme timpani, propres des orchestres de concert et d’accompagnement européens, ont été brillamment transformées par nos musiciens, jusqu'à créer les fameuses timbales cubaines, nommées aussi pailas.
L'absence d'instruments de percussion en provenance de l'Espagne à Cuba ne signifie en aucune façon la carence d'un art de la percussion dans ce pays. Les danses hispaniques, accompagnées de claquement de mains, de claquettes, des coups de résonance sur des boîtes en bois ou des castagnettes, comme cela se produit dans l'actuel art flamenco, sont un échantillon du rythme musical de la « mère patrie » et de l'existence d'un legs rythmique inexploré de notre peuple.
L'héritage de la percussion africaine
Ce n'a été qu'à l'arrivée des esclaves africains dans notre pays, que des dizaines de groupements instrumentaux ont été connus – en majorité des tambours –, ceux qui ont transformé progressivement le panorama musical de la future nation. Parmi les différentes influences qui ont conformé la culture musicale cubaine, on peut observer l'héritage de la percussion chez quatre groupes ethniques africains fondamentaux : Yoruba, Bantou, Ewe-fon et Carabalí, lesquels ont reproduit ici les ensembles d'instruments correspondant à leurs traditions culturelles.
Des genres et des instruments de zones voisines, comme Haïti et la Jamaïque se sont aussi reproduits à Cuba, dont les habitants, depuis près de deux cent ans, ont commencé à travailler et à résider dans l'île pour divers motifs. La tumba francesa, el gagá et la regla-vodú occupent une importance particulière dans l’ensemble de ces traditions développées à Cuba, appelé « antécédent caribéen ».
À cause des influences signalées, et d'autres comme celles des Etats-Unis ou d'autres pays, au cours du dernier siècle, la culture musicale cubaine contient en elle un processus entrelacé d'intégrations culturelles – comme le résultat de la « transculturation » –, qui a été directement lié à la formation des genres musicaux. C’est pour cela que l'on pourrait affirmer que l'héritage culturel de Cuba inclut des traditions et des patrons artistiques d'autres cultures qui ont été assumé par le peuple cubain et qui, dans le domaine de la musique, s’est étendu aux instruments et aux groupes pour lesquels ont été créés ou adoptés des répertoires et des techniques d'exécution.
Notre musique est exécutée par des ensembles instrumentaux sui generis, qui se sont développés dans le monde de l'art populaire et traditionnel cubain, où le rôle des instruments de la famille de la percussion est significatif. Ceux-ci, pour leur origine variée, possèdent une grande richesse et une complexité structurale.
En accord avec des études récentes sur les ensembles qui exécutent les genres musicaux cubains, ils existent vingt-cinq typologies différentes de groupes instrumentaux, dans lesquels priment les instruments à percussion.
La percussion cubaine actuelle
Dans la percussion cubaine actuelle – profilée depuis plus d’un siècle –, coexistent des instruments qui correspondent à différents stades de développement de l'homme, caractérisés par des techniques de construction, des systèmes de tension et d’affinage et de façons d'exécution spécifiques, que représentent des groupes ethniques de diverses zones géographiques – ou le résultat du passage par plusieurs –, où le destin final a été Cuba. Pendant le processus de formation de la nationalité certains instruments à percussion spécifiques ont été créés (adaptés). L'exemple le plus important est la tumbadora, suite à la transformation d'un instrument provenant de la culture africaine.
Depuis les années trente du siècle dernier, la percussion cubaine est présente dans les orchestres symphoniques et d'accompagnement du monde entier, grâce à l'étude des essences de nos genres musicaux, spécialement du son, faite par les compositeurs Amadeo Roldán et Alejandro García Caturla. Parallèlement, à cette époque, le jazz nord-américain a été marqué pour toujours par nos rythmes grâce à l’étonnant travail du percussionniste cubain noir Luciano Chano Pozo dans l'orchestre du nord-américain Dizzy Gillespie.
J’ai décrit, en grandes lignes, l'immense univers de la percussion cubaine actuelle dans mon texte La percusión en la música cubana, dédié au père de l'enseignement de la percussion à Cuba et à l'éternel chercheur de la profession, Domingo Faustino Aragú Rodríguez (Las Villas, 1910). C’est un texte dans lequel je prétends montrer l'histoire de l'art de la percussion de Cuba, lié au développement des genres musicaux de la nation, dont les pages peuvent résulter d’une grande utilité pour que des professionnels, des étudiants et des dilettantes de cette profession puissent apprendre et saisir la riche et parfois peu révélée histoire de la percussion cubaine.
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