Il est des jours où je dois me faire mal pour écrire, où
rien ne sort, les idées, les phrases, les mots sont absents. Je suis dans les limbes,
absent, ailleurs…Il faut que je me force, que je m’oblige pour arriver à me
concentrer sur la page et exprimer enfin quelques vagues pensées, des fantômes
de phrases. Peut être est ce le fait de vivre dans le confort, confort d’un
pays qui offre tous les possibles, assouvit tous les désirs avant qu’ils ne s’expriment,
facilité très cher payée et qui laisse un goût amer.
Je suis sur un bord de mer et je regarde l’horizon essayant
de discerner les ombres des bananiers, les tiges de cannes. Cherchant dans ma
mémoire les odeurs de ce pays lointain, ces odeurs envoûtantes qui me
transportaient et m’étaient devenues familières comme le corps de ces femmes
dont la démarche était une offrande. Je cherche la musique, la musique en moi
que créaient spontanément ces images, ces sons, ces odeurs qui aujourd’hui s’estompent
dans la grisaille des supermarchés, gouffres de bêtises éphémères. J’ai tout et
je n’ai rien. Je puis lire tous les ouvrages, voir tous les films, j’ai des théâtres,
des cinémathèques, des musées, des librairies, des radios, des chaînes télé, internet,
mais j’ai encore soif, soif de vrai, de naturel. Soif de la sève de la vie, ce
qui vibre dans l’air sans que l’on n’y puisse rien, ce qui existe malgré toi et
qui chez nous a disparu. Ces ondes bénéfiques qui transportent les gens et font
apparaître les sourires au coin des lèvres chez ceux qui n’ont pas oublié. Dis-moi
qu’est ce qu’un sourire… ?
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