Quand la célèbre voyageuse franco-belge atteint les portes de la fabuleuse cité de Lhassa, le 28 janvier 1924, cela fait déjà plusieurs années qu'elle arpente la Chine et les pentes de l'Himalaya en compagnie de son fils adoptif, le jeune Tibétain Aphur Yongden. Elle ne tient pas en place, il lui faut apprendre, découvrir et puis surtout marcher, marcher. Le bouddhisme l'attire comme une ampoule le papillon de nuit. En 1912, elle rencontre le 13e dalaï-lama en exil, le vénérable Ngawang Lobsang Thupten Gyatso Jigdral Chokley Namgyal, qui est le prédécesseur du dalaï-lama actuel
Bloquée en Asie à cause de la Première Guerre mondiale, elle parcourt l'Inde, le Sikkim, le Japon, la Chine, la Corée, puis séjourne trois ans au Tibet, au monastère de Kumbum. Fin 1923, elle convainc Aphur Yongden de l'accompagner jusqu'à Lhassa, sous suzeraineté chinoise. Pour passer inaperçus, ils se déguisent en mendiants. Elle oint sa peau de suie et de cacao, et mêle des crins de yack à ses cheveux. Les deux voyageurs vont à pied, sans mule, sans yack, sans domestique. Ils mendient leurs repas, constitués le plus souvent de soupe ou de thé agrémenté de beurre rance. Et quand ils n'obtiennent rien, ils font bouillir le cuir de leurs bottes pour se préparer une soupe. À 55 ans, elle est dotée d'une résistance physique que lui envierait un marathonien olympique.
Ils empruntent des pistes escarpées, enneigées, isolées, qu'un Yéti au sommet de sa forme n'oserait même pas parcourir. D'autant qu'ils marchent de nuit, pour éviter les mauvaises rencontres. Comme ces Popas, une peuplade farouche supposée, à tort, cannibale. Début janvier, après quatre mois d'efforts, ils parviennent enfin en vue de Lhassa. Alexandra écrit à son mari qu'elle n'est plus qu'un squelette. Ils arrivent à temps pour assister aux festivités du Nouvel An tibétain, c'est l'occasion de multiples spectacles féériques à faire pâlir de jalousie les Cariocas. Alexandra et Yongden séjournent deux mois dans la capitale spirituelle du Tibet sans se faire repérer par les autorités, jusqu'au jour où la Franco-Belge est dénoncée par une voisine, qui est stupéfaite de la voir chaque matin descendre à la rivière pour se laver. Une hygiène incompréhensible pour une Tibétaine. Alexandra doit s'enfuir de la cité.
L'année suivante, elle est de retour en France où elle reçoit, à sa grande surprise, le Prix Monique Berlioux de la performance sportive féminine la plus remarquable de l'année
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