À leurs débuts, les cabildos étaient exclusivement destinés aux
esclaves africains. Plus tard, ils ont admis les Africains libres et,
finalement, les créoles ou « Africains » de la deuxième génération (Montejo Arrechea 1993). Leur période d’apogée dure approximativement jusqu’en 1860. À partir de là, les cabildos entament
leur déclin. Ils cessent d’admettre les créoles à partir de 1868. En
1876, l’Espagne promeut leur transformation en prenant pour modèle les
sociétés ibériques blanches (loi des associations de 1878).
Six ans plus tard, en janvier 1884, on proscrit la sortie de la Fête des Rois et, en avril de la même année, le gouvernement colonial interdit la création de nouveaux cabildos. L’abolition de l’esclavage, en 1886, intervient au moment où le paysage associatif des Africains et de leurs descendants est complètement transformé. Désormais, il n’y aura plus de cabildos : certains sont fermés tandis que d’autres deviennent des sociétés d’instruction, secours et entraide, placées sous l’égide d’un saint patron. Néanmoins, cette réorganisation, qui se voulait généralisable à tout le pays, n’a pas été effective dans toutes les villes, comme à Matanzas, où de nombreux cabildos ont continué à fonctionner bien au-delà de la date de proscription (Hevia Lanier 2002). En effet, il n’y a pas eu de passage obligé du cabildo à la société ; par ailleurs, de nombreuses sociétés sont nées sans avoir préalablement été des cabildos.
Les relations entre les cabildos et l’Église catholique ont toujours été complexes. Fernando Ortiz (1993, p. 60) affirme qu’il y a eu substitution du fétiche africain par un saint catholique et que la double dimension de cabildo-confrérie a permis l’incorporation des cabildos aux églises. Pourtant, on ne peut simplifier ainsi ces rapports car de nombreux cabildos n’ont pas eu de relations avec l’Église catholique, ce qui est le cas Sagua la Grande.
Nous avons dit que les cabildos et sociedades ont été le point de départ de la création des religions d’origine africaine à Cuba. En effet, c’est au sein de ces institutions que naît ce qui est connu au xxe siècle sous le nom de « religion lucumí ». Le vocable « lucumí » est employé à Cuba depuis le xvie siècle, mais son utilisation s’est diversifiée selon l’époque, le contexte et l’auteur. Au fil du temps, ce terme a désigné d’abord un groupe d’esclaves, ensuite leur langue et finalement une religion. Selon Fernando Ortiz (1906), le mot « lucumí » serait une déformation du nom de la région et/ou du royaume Ulcami ou Ulcumi, qui ne serait autre que celui d’Oyo, qui aurait été fondé au xve siècle par Oranyan, fils d’Oduduwa, sur les terres de l’actuel Nigeria. Par extension, à leur arrivée à Cuba, étaient appelés « lucumí » tous les esclaves originaires de l’Afrique de l’Ouest, dont les plus nombreux étaient yoruba. À partir de la désignation d’un groupe humain, le sens du vocable « lucumí » a été élargi pour nommer leur langue. Puis, au cours du xxe siècle, il fait surtout référence à un type de pratiques religieuses. Nicolás Angarica (1990), santerode grande renommée, va même écrire un texte, « El lucumí al alcance de todos », qui s’adresse aux pratiquants et aux chercheurs et qui se veut le modèle de la religion lucumí. L’ouvrage offre un large éventail de rituels, cérémonies, prières et, même, un dictionnaire lucumí-espagnol avec la terminologie utilisée dans la liturgie. En 1942, Rómulo Lachatañeré développera l’idée de « panthéon lucumí », comme un ensemble de divinités (set de deidades), qui n’est pas uniforme et que chaque maison de culte utilise selon son expérience et ses compétences, en donnant la priorité aux divinités qui ont démontré une plus grande efficacité dans la résolution des problèmes des pratiquants. L’ensemble des divinités énoncées par Lachatañeré (2001, pp. 100-102) ne sont autres que les orichas des Yoruba : Olofín, Olordumare, Odudúa, Obatalá, Baba-lu-Ayé, Orúmbila, Olokún, Yemayá, Ogún, Agayú, Oyá, Changó, Eleguá, Ochún, etc. Cette « religion lucumí » sera aussi appelée « Regla de Ocha » ou « santería », et elle sortira de son berceau occidental pour se répandre dans d’autres régions, notamment le centre du pays.
Six ans plus tard, en janvier 1884, on proscrit la sortie de la Fête des Rois et, en avril de la même année, le gouvernement colonial interdit la création de nouveaux cabildos. L’abolition de l’esclavage, en 1886, intervient au moment où le paysage associatif des Africains et de leurs descendants est complètement transformé. Désormais, il n’y aura plus de cabildos : certains sont fermés tandis que d’autres deviennent des sociétés d’instruction, secours et entraide, placées sous l’égide d’un saint patron. Néanmoins, cette réorganisation, qui se voulait généralisable à tout le pays, n’a pas été effective dans toutes les villes, comme à Matanzas, où de nombreux cabildos ont continué à fonctionner bien au-delà de la date de proscription (Hevia Lanier 2002). En effet, il n’y a pas eu de passage obligé du cabildo à la société ; par ailleurs, de nombreuses sociétés sont nées sans avoir préalablement été des cabildos.
Les relations entre les cabildos et l’Église catholique ont toujours été complexes. Fernando Ortiz (1993, p. 60) affirme qu’il y a eu substitution du fétiche africain par un saint catholique et que la double dimension de cabildo-confrérie a permis l’incorporation des cabildos aux églises. Pourtant, on ne peut simplifier ainsi ces rapports car de nombreux cabildos n’ont pas eu de relations avec l’Église catholique, ce qui est le cas Sagua la Grande.
Nous avons dit que les cabildos et sociedades ont été le point de départ de la création des religions d’origine africaine à Cuba. En effet, c’est au sein de ces institutions que naît ce qui est connu au xxe siècle sous le nom de « religion lucumí ». Le vocable « lucumí » est employé à Cuba depuis le xvie siècle, mais son utilisation s’est diversifiée selon l’époque, le contexte et l’auteur. Au fil du temps, ce terme a désigné d’abord un groupe d’esclaves, ensuite leur langue et finalement une religion. Selon Fernando Ortiz (1906), le mot « lucumí » serait une déformation du nom de la région et/ou du royaume Ulcami ou Ulcumi, qui ne serait autre que celui d’Oyo, qui aurait été fondé au xve siècle par Oranyan, fils d’Oduduwa, sur les terres de l’actuel Nigeria. Par extension, à leur arrivée à Cuba, étaient appelés « lucumí » tous les esclaves originaires de l’Afrique de l’Ouest, dont les plus nombreux étaient yoruba. À partir de la désignation d’un groupe humain, le sens du vocable « lucumí » a été élargi pour nommer leur langue. Puis, au cours du xxe siècle, il fait surtout référence à un type de pratiques religieuses. Nicolás Angarica (1990), santerode grande renommée, va même écrire un texte, « El lucumí al alcance de todos », qui s’adresse aux pratiquants et aux chercheurs et qui se veut le modèle de la religion lucumí. L’ouvrage offre un large éventail de rituels, cérémonies, prières et, même, un dictionnaire lucumí-espagnol avec la terminologie utilisée dans la liturgie. En 1942, Rómulo Lachatañeré développera l’idée de « panthéon lucumí », comme un ensemble de divinités (set de deidades), qui n’est pas uniforme et que chaque maison de culte utilise selon son expérience et ses compétences, en donnant la priorité aux divinités qui ont démontré une plus grande efficacité dans la résolution des problèmes des pratiquants. L’ensemble des divinités énoncées par Lachatañeré (2001, pp. 100-102) ne sont autres que les orichas des Yoruba : Olofín, Olordumare, Odudúa, Obatalá, Baba-lu-Ayé, Orúmbila, Olokún, Yemayá, Ogún, Agayú, Oyá, Changó, Eleguá, Ochún, etc. Cette « religion lucumí » sera aussi appelée « Regla de Ocha » ou « santería », et elle sortira de son berceau occidental pour se répandre dans d’autres régions, notamment le centre du pays.
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