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samedi 28 janvier 2012

Boligan, dessinateur d’opinion. - Cuba



Fasciné par l’être humain et par ses mutations, Angel Boligan n’en finit pas de chroniquer dans ses dessins les affres de la globalisation et de la révolution technologique. Manipulés, soumis aux écrans, ses personnages longilignes évoluent dans un univers riche en métaphores, mais qui apparaît souvent totalitaire et sans issue.
C’est à San Antonio, une ville autoproclamée « Ville de l’humour » proche de La Havane (Cuba), que le dessinateur voit le jour en 1965. Lorsque le jeune homme a 14 ans, San Antonio accueille sa première Biennale de la caricature. Pour Angel, c’est une révolution. Dans les couloirs du Musée de l’Humour, il s’imprègne des vignettes de Topor, des caricatures de David Levine et de Saül Steinberg. « A cette époque, ce qui m’intéressait avant tout était l’aspect graphique », se souvient Angel. « J’étais beaucoup trop jeune pour avoir conscience de ce qui se passait dans mon pays ».

Devenu professeur d’arts plastiques, Angel Boligan publie ses dessins dans diverses revues humoristiques à Cuba. En 1992, invité à exposer au Musée de la Caricature de Mexico, il est recruté le jour de son arrivée par le quotidien national le plus vendu au Mexique, El Universal. Pour autant, l’artiste ne se considère pas comme un exilé. « J’avais demandé une autorisation de sortie du territoire d’un mois », explique-t-il. « J’ai demandé une prolongation pour rester deux mois. Puis trois… ». Aujourd’hui, Angel Boligan traite l’actualité mexicaine, internationale, et s’attache tout particulièrement à traiter les sujets sociétaux. « Je vis au Mexique, et il y a beaucoup de choses à dire sur ce pays », analyse-t-il. « Bien sûr, je me sens aussi dans l’obligation de parler de Cuba quand il s’y passe quelque chose d’important ». Ainsi lors de la passation de pouvoir de Fidel Castro à son frère Raul (Cf. Dessin en bas de page)…
Au début, Angel prenait des précautions lorsqu’il s’agissait de dessiner l’actualité cubaine.  Puis il a évolué, au gré aussi de sa prise de conscience politique : « A Cuba, les médias sont contrôlés par le gouvernement. Plutôt que d’être automatiquement censuré car considéré comme un opposant, je préfère jouer la carte de la subtilité. En utilisant les ressources du graphisme et de la métaphore, je peux traiter les sujets les plus sensibles… ».
Et s’il est vrai qu’Angel Boligan a mis des années à intégrer le fait qu’il vivait dans un pays où il avait le droit de dire ce qu’il pensait, il se sent désormais plus libre : « Aujourd’hui, ma façon de traiter mes sujets a évolué, et je m’autorise même à utiliser directement l’image de Fidel Castro dans mes dessins… ». 

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