Fasciné par l’être humain et par ses mutations, Angel
Boligan n’en finit pas de chroniquer dans ses dessins les affres de la
globalisation et de la révolution technologique. Manipulés, soumis aux écrans,
ses personnages longilignes évoluent dans un univers riche en métaphores, mais qui
apparaît souvent totalitaire et sans issue.
C’est à San Antonio, une ville autoproclamée « Ville de
l’humour » proche de La Havane (Cuba), que le dessinateur voit le jour en
1965. Lorsque le jeune homme a 14 ans, San Antonio accueille sa première Biennale
de la caricature. Pour Angel, c’est une révolution. Dans les couloirs du Musée
de l’Humour, il s’imprègne des vignettes de Topor, des caricatures de David
Levine et de Saül Steinberg. « A cette époque, ce qui m’intéressait avant
tout était l’aspect graphique », se souvient Angel. « J’étais
beaucoup trop jeune pour avoir conscience de ce qui se passait dans mon
pays ».
Devenu professeur d’arts plastiques, Angel Boligan publie
ses dessins dans diverses revues humoristiques à Cuba. En 1992, invité à exposer
au Musée de la Caricature de Mexico, il est recruté le jour de son arrivée par
le quotidien national le plus vendu au Mexique, El Universal. Pour autant,
l’artiste ne se considère pas comme un exilé. « J’avais demandé une
autorisation de sortie du territoire d’un mois », explique-t-il.
« J’ai demandé une prolongation pour rester deux mois. Puis trois… ».
Aujourd’hui, Angel Boligan traite l’actualité mexicaine, internationale, et
s’attache tout particulièrement à traiter les sujets sociétaux. « Je vis
au Mexique, et il y a beaucoup de choses à dire sur ce pays », analyse-t-il. « Bien
sûr, je me sens aussi dans l’obligation de parler de Cuba quand il s’y passe
quelque chose d’important ». Ainsi lors de la passation de pouvoir de
Fidel Castro à son frère Raul (Cf. Dessin en bas de page)…
Au début, Angel prenait des précautions lorsqu’il s’agissait
de dessiner l’actualité cubaine. Puis il a évolué, au gré aussi de sa
prise de conscience politique : « A Cuba, les médias sont contrôlés par
le gouvernement. Plutôt que d’être automatiquement censuré car considéré
comme
un opposant, je préfère jouer la carte de la subtilité. En
utilisant les ressources du graphisme et de la métaphore, je peux traiter les
sujets les plus sensibles… ».
Et s’il est vrai qu’Angel Boligan a mis des années à
intégrer le fait qu’il vivait dans un pays où il avait le droit de dire ce qu’il
pensait, il se sent désormais plus libre : « Aujourd’hui, ma façon de
traiter mes sujets a évolué, et je m’autorise même à utiliser directement
l’image de Fidel Castro dans mes dessins… ».
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