Depuis le colonisation de l’île en 1841 le droit coutumier était appliqué à Mayotte. Dix huit Cadis rendaient la justice et recevaient leur traitement du Conseil Général. Aujourd’hui ces juges doivent ranger leurs koffia (coiffure).
A Mayotte, la République tolérait que les habitants soient jugés par leurs pairs. Le droit français réglait les litiges concernant les citoyens français et les étrangers, les indigènes étaient administrés par la justice des cadis. La citoyenneté française acquise en 1946 n’avait rien changé de cette justice à « la janus ». Avec le temps, les frontières entre les deux justices avaient disparu et la confusion s’était installée. La République (qui n’aime pas le désordre.. ?) a voulu y remédier afin d’éviter les doublons. Prenant prétexte du manque de formation des cadis, de l’inéxistence de règles procédurales, de l’absence d’avocat et du côté « aléatoire » et « arbitraire » d’une justice favorisant souvent les hommes sur une terre où la religion musulmane est omniprésente, l’Etat pris la décision d’effacer cette juridiction.
Malgré de nombreuses raisons en faveur du droit coutumier : beaucoup de personnes ne parlent pas français, ne connaissent pas la loi, n’ont pas d’argent pour payer l’avocat et craignent les lenteurs de la Justice, l’Etat a tranché dans le vif sans tenir compte des côtés humains de cette justice acceptée par les îliens, de sa confidentialité dans une société où l’on n’aime pas laver son linge sale en public, du rôle de juge de pais à l’ancienne qu’exerçait le cadi, de l’éloignement du Tribunal alors que les cadis sont proches des villageois, et surtout de la peur de la prison et des mesures coercitives d’une justice à l’occidentale mal perçue par les anciennes générations.
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