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jeudi 17 mars 2011

"Ténéré avec les caravaniers du Niger" de Jean Pierre Valentin...

Extrait d'article sur le livre :
"La caravane du sel, la taghlamt, littéralement « la file de dromadaires » part d’Agadez ou de Timia, une petite ville dans l’Aïr, à une journée de voiture au nord-est d’Agadez, à 1300 m d’altitude. Et c’est alors que, depuis le bourg de Timia, en traversant l’Aïr vers l’est, l’auteur nous mène vers cette formidable plongée dans le désert absolu du Ténéré. Avec grande précision il décrit la préparation de la caravane. Le charme et l’intérêt de cette description provient de l’authenticité du vécu de celui qui s’est fait des amis parmi les villageois, les caravaniers, j’irais jusqu’à dire des chameaux ! Cette année-là, la caravane est imposante, 250 dromadaires auxquels d’autres viendront s’ajouter. Un nombre impressionnant, rarement atteint de nos jours.
On assiste à la lente progression de la longue file commandée avec la sûreté d’orientation ancestrale du madougou, terme haoussa qui désigne le maître de la caravane, d’abord sur le terrain caillouteux, inégal de l’Air oriental, puis dans l’immensité plane du Ténéré.
On a chaud, très chaud, sous un ciel légèrement couvert ou bien parfaitement bleu et pur. On subit sans plainte le vent de poussière qui aveugle, qui dessèche. On grelotte la nuit en attendant l’aurore. On marche avec obstination au côté de Tanka ag Aliman, le madougou, en tête de la colonne. On bénit, tout en progressant, le petit verre de thé proposé par Issaka qui l’a préparé en marche - la caravane ne doit pas s’arrêter ! - brasero à la main, allumé avec de la paille grappillée sur les ballots, thé versé dans la petite bouilloire émaillée, sucre prélevé dans le petit sac de toile en équilibre sur sa tête.
Tout est raconté, jusqu’aux plus minimes incidents de parcours. Le talent de l’auteur est de nous faire vivre, du lever au coucher du soleil, la caravane, sa progression, les hommes qui la guident et qui l’encadrent, ceux qui restent concentrés en permanence, ceux qui jouent les boute-en-train ; comme pour l’auteur, ils deviennent nos amis, nos compagnons de piste.
On arrive au puits d’Achegour. Tous admirent Tanko, amghar neshikel, « celui qui connaît le chemin », ce navigateur hors pair qui, sans dévier d’un degré, les mène à bon port. Trois cent dromadaires à abreuver, des dizaines de guerbas (outres) à remplir, c’est un travail harassant, dans une chaleur de four. Et puis, c’est à nouveau la marche vers l’autres rive du Ténéré, le Kaouar, vers le sel de Bilma, l’or blanc du désert. On s’arrête à Achenouma, petite oasis où des villageoises affluent pour présenter les dattes de l’année, des monceaux de fruits - plusieurs tonnes en trois jours de marchandage - qui seront conservés secs pour éviter la fermentation. Contre les dattes, les Touaregs troquent du mil soudanais, des arachides, du blé de l’Aïr, du maïs, des oignons, des tomates, des piments, du fromage déshydraté, dur comme du bois, quelques pièces de tissu, de la verroterie. Après cinq jours, la caravane repart.
Bilma ! Pas d’ombre, 65°C. Deux types de sel y sont récoltés et préparés : le gris pour le bétail, le blanc beza pour la cuisine. Environ 30 tonnes pour deux cents bêtes ; avec les animaux qui doivent venir d’Aney, plus au nord, c’est environ 45 tonnes que transportera la caravane vers l’Aïr et le Sahel.
C’est le retour vers l’Aïr. Il faut environ une lunaison - 28 jours - pour effectuer l’aller-retour entre l’Aïr et la falaise du Kaouar."
la suite ici :

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