Dans les nuits de grande solitude, il arrive parfois que les gardiens des songes dans leurs guérites s’assoupissent. C’est l’instant que choisissent les démons cachés sous les voiles ouvragés des intentions propices. Ils se lèvent et surgissent au sommet des dunes de la lune, brandissant les armes jusque là dissimulées sous leurs gandouras brodées. Ils arborent leurs chèches en coton roulés sur le front, et dégainent leurs cimeterres dentelés. Lentement, en silence ils descendent vers la ville aux murailles endormies élevant les fers sur leurs têtes.
Sans bruit, corps noués ils glissent sur le sable comme des nefs de sel . Scorpions avides, chacals patients retenant leurs cris, ils envahissent les pistes, comme avant eux leurs frères de Carthage, ils ont dans l’âme la haine de l’étranger. Ces ombres assoiffées de débauche s'engouffrent dans les ruelles étroites et blanches où plus personne ne veille. Ils longent les jardins engourdis où de stupeur l’eau des fontaines se fige, et sous les moucharabiehs des belles alanguies, ils se dressent aux aguets. Dans leurs yeux se lisent les désirs coupables que leurs dieux bannissent, la nuit les protège et leur livre leurs proies. Ils attendent le signal du carnage dans l’ombre du minaret. C’est l’instant que choisi ma voisine indélicate pour ouvrir ses volets…
Printemps des Poètes...
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