Le sculpteur Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) est une découverte récente dans l’histoire de la culture européenne. La première monographie qui lui fut consacrée date de 1885. Franz Xaver Messerschmidt naquit à Wiesensteig alors en Bavière en 1736.
A partir des années 1771 il commença à sculpter des « têtes » (Kopfstücke) afin de lutter contre ses hallucinations. La série de têtes exécutée en métal (alliage d’étain et de plomb) et en albâtre fut récupérée âpres son décès en 1783 par son frère. Selon Nicolaï, écrivain des Lumières berlinoises, l’artiste se disait persécuté par des esprits qui le faisaient souffrir moralement et physiquement. Il se regardait dans un miroir, se pinçait le corps en faisant diverses grimaces. Il reproduisait ensuite les expressions de son visage avec ces têtes déformées.
Il faut pour essayer de comprendre les « têtes de caractère » de Messerschmidt, évoquer le contexte culturel dans lequel elles ont été conçues. Nicolaï dans son texte évoque explicitement la physiognomonie, cette étude des caractères d’âpres les traits anatomiques, qui était à la mode depuis les travaux de Lavater. Messerschmidt, lorsqu’il était enseignant à l’Académie des beaux-arts de Vienne, avait certainement eu connaissance des travaux sur l’expression des passions qui étaient à la base de l’enseignement académique.
Il côtoya à Vienne le docteur Mesmer : celui-ci, élaborant sa théorie des fluides et du magnétisme animal, et expérimentant des voies thérapeutiques nouvelles avec des aimants, put conforter l’artiste dans son attirance vers le spiritisme. Le sculpteur, enfin, devait se situer dans les débats intenses de son époque autour des nouveaux critères du beau et du sublime, et en particulier de la notion fièrement proclamée –en particulier par Goethe – du génie créateur transgressant les lois existantes. Messerschmidt doit être considéré comme un interprète majeur du siècle complexe des Lumières.
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