Le Capitole, le rhum, la musique salsa que l’on joue au coin des rues, les autos qui vues de loin ressemblent à des pièces de collection même si sous le capot elles tombent en lambeaux. Il y a tout ceci et plus encore dans l’épisode de « Espagnols dans le monde » tourné ici à la Havane. Cinquante minutes sur des histoires d’immigrants venus des Asturies, de Galice et d’Andalousie en transportant leurs rêves de l’autre côté de l’Atlantique. Tout paraît beau et bleu, saupoudré de salpêtre ; mais quelque chose ne colle pas.
En regardant la série j’ai l’impression de voir un autre pays, une dimension lointaine aux teintes sépia. Les scènes de la vie des sept protagonistes se passent pour moi dans un espace très différent de la réalité quotidienne que je connais. Et bien que je me répète –pour me calmer- que la série concerne des Espagnols du continent dispersés sur le globe terrestre et non des cubains perdus dans leur propre géographie je ne peux éviter de ressentir une impression d’escroquerie lorsqu’on leur en fait crédit.
Le scénario escamote habilement un détail : les personnes interviewées bénéficient de prérogatives inenvisageables pour les nationaux. Il oublie de préciser que passer une nuit à la Bodeguita del Medio ou au cabaret Tropicana, louer un bureau dans l’immeuble Bacardi, gérer des entreprises de cosmétiques ou de tabac, faire un dîner de langoustes et de vin, constituent des privilèges quasi exclusivement réservés aux bourses des étrangers. Sans parler de la belle promenade en yacht dans une des dernières scènes, interdite par la loi pour 11 millions d’habitants. Il manque donc dans cette émission, moderne et divertissante, l’explication du déséquilibre, le commentaire relatif au fossé qui sépare ces Espagnols qui viennent du reste du monde des cubains qui sont nés ici.
Traduit par Jean-Claude MAROUBY
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