Elle tape sur son clavier et tout fout le camp. Cahin-caha, l’une après l’autre, l’une avec l’autre, bras dessus, bras dessous, en ribambelles, elles s’échappent. Jazz en rebrousse poil, sans dessus dessous, tout fout le camp pendant qu’il s’en échappe encore, plus haut que le plafond, une foule en rubans d’exil, sans distinction, les blanches, les noires.
Evasion vissée dans les oreilles, chante Diana, chante ! Je plie bagages !
De part et d’autre ils défilent tous. Les arbres, les villages, les usines, les rues et leurs carrosses carabosse en fourmillements dérangés, les plannings, les affiches et leur pub illicitée, ils défilent, ils n’en finissent pas. Comme un grand dégueuloir à ravins, plaines, entre deux fleuves la carte de France de l’enfance, préfecture, sous-préfecture, lieudits, maudits, bandits, défaites, la fête bat son plein, je fous le camp.
Elle tape sur son clavier, Diana. Voile en voix, rythme coulé, déhanché, chéoyéop’schépeup…
Au petit matin jazzy, un noir bien serré, le beurre d’une pâte feuilletée arc-gourmandisée, le journal sur un coin de table et par-dessus la terrasse de la gare, les tons et demi-tons d’un autre ciel, le va et vient des passants et l’accent de la Terre-Froissée en roulis sur le pavé, pendant que dans tes yeux s’enfonce la sarabande d’une route inachevée.
Ma main dans ta main, on marche dans tes yeux sur la route qui ne finit pas.
Pouhpeddi balachoyéop’schépeup…
Romane
http://lessouffleursdereve.blogspot.com/
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