Il m’a fallu des années pour arriver à comprendre qui je
suis. Vous me direz : il est temps.
Peut être ne suis-je pas aussi intelligent que certains se prétendent l’être
sans jamais s’être mis à l’épreuve.
De mon côté j’ai vécu en ayant comme lignes de conduite
quelques valeurs telles : respect, générosité, bonté et fidélité à ma
parole. En fait, en analysant mon parcours c’est ce qu’il en ressort des
décisions que j’ai prises dans ma vie, tant professionnelle, que familiale ou
sociale.
En contrepartie il est des choses que je ne tolère pas :
le mensonge, la haine, le dédain, la volonté d’avilir les autres.
Et en y
réfléchissant, en dehors du fait que la maladie m’ait contraint à renoncer à
vivre à l’étranger, il est un enseignement
que je retiens de cette impossibilité à demeurer loin de France, c’est l’erreur
de choix des pays où j’ai voulu vivre. J’ai en effet compris que quel que soit
mon désir d’y vivre, l’attrait des lieux, ce désir était contrecarré par le
spectacle de la souffrance des personnes que j’y côtoyais, leurs misères, leurs
difficultés à vivre décemment, le chagrin qu’ils avaient de n’être pas libres
de voyager en dehors de leur territoire, ont miné la volonté de m’y installer
définitivement tant à Cuba qu’en Tunisie.
Ceci s’est passé sans que je n’en sois vraiment conscient,
de façon insidieuse, la vision de ces mal êtres s’est associée aux dégâts de ma
maladie. Comment peut-on vivre « normalement » dans un pays en
ignorant la souffrance de son voisin.. ? J’ai vu des expatriés profiter du
pays et de ses habitants en les dédaignant, je suis né en terre d’Afrique, mais
ces gens sont pires que les colons, car leurs méthodes sont plus fourbes et en
plus, nombreux donnaient des leçons et se disaient socialistes. J’ai vécu hors
de France cinq années, comme dans les années de mon enfance, et cette nouvelle
cassure a creusé le fossé entre moi et mon pays. Je l’avoue : je n’aime
plus ce pays, je ne m’y reconnais plus. Je déteste sa violence, sa fourberie,
sa recherche constante d’un bouc émissaire, son manque de loyauté.
Et le plus terrible est que je suis condamné à y rester.
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